Les nouveaux défis des bibliothèques universitaires

Six bibliothécaires de l’UQAM contribuent à un ouvrage collectif sur les enjeux de leur profession en 2025.

Les contributions explorent différentes réalités des bibliothèques universitaires comme leur organisation, leurs rapports avec la recherche universitaire, leur architecture et l’évolution du traitement de l’information. Photo: Nathalie St-Pierre

Par Pierre-Étienne Caza, d’Actualités UQAM

Déjà bouleversées depuis quelques années par les technologies numériques, les bibliothèques universitaires doivent aussi s’adapter à des phénomènes tels que l’intelligence artificielle, la science ouverte ou le mouvement Wikimédia. Six bibliothécaires de l’UQAM témoignent de différents aspects de cette évolution dans l’ouvrage collectif Les bibliothèques universitaires à l’heure des bilans (Éditions Asted, 2025) publié sous la direction du professeur honoraire de l’Université de Montréal Réjean Savard. Il s’agit de Marie-Christine Beaudry, Robert Georges Bilodeau, Simon Côté Lapointe, Cynthia Lisée, Boris Nonveiller et Édith Robert.

«L’ouvrage rassemble des textes qui ont été publiés au cours des dernières années dans Documentation et bibliothèques, la revue trimestrielle de la Fédération des milieux documentaires au Québec», précise Édith Robert, agente de recherche et bibliothécaire à la Direction du soutien à la recherche et à la création. Les contributions explorent différentes réalités des bibliothèques universitaires, leur organisation, leur gestion, les changements qui affectent leur personnel, leurs rapports avec la recherche universitaire, leur architecture, les liens avec leurs publics, les besoins de ces derniers et l’évolution du traitement de l’information.

Des enjeux du 21e siècle

Le chapitre cosigné par Édith Robert et sa collègue Cynthia Lisée, bibliothécaire en soutien à la Faculté des sciences humaines, porte sur la gestion des données de recherche. «Depuis quelques années, on parle du libre accès pour les articles, mais aussi, de plus en plus, pour les données de recherche. Notre chapitre présente ce nouveau champ de compétence des bibliothécaires universitaires», ajoute-t-elle.

Si on connaît depuis de nombreuses années Archipel, l’archive de publications électroniques en libre accès de l’UQAM, son pendant pour les données de recherche est moins connu. «Il s’agit de l’initiative Borealis, un dépôt canadien de données de recherche bilingue, multidisciplinaire et sécurisé, soutenu par des bibliothèques universitaires et des établissements de recherche de partout au pays, explique Édith Robert. L’UQAM y a son propre dépôt de données

Marie-Christine Beaudry, Robert Georges Bilodeau, Édith Robert et Boris Nonveiller. Étaient absents lors de la photo: Simon Côté Lapointe et Cynthia Lisée.

Sa collègue Marie-Christine Beaudry, bibliothécaire en soutien à la Faculté des arts, signe un chapitre sur l’évaluation des sources. «Au sortir de la pandémie, j’ai collaboré à un projet collaboratif de tutoriel pour améliorer les compétences informationnelles des candidates et candidats aux différents programmes de maîtrise de l’École des sciences de la gestion, explique l’autrice. Parmi les lacunes identifiées, il y avait l’évaluation des sources.»

Lorsque les étudiantes et étudiants amorcent une revue de littérature, ils doivent sélectionner les ouvrages, chapitres ou articles en lien avec leur projet de recherche. «Leur premier réflexe est d’évaluer la pertinence de tous ces écrits, mais ce n’est pas toujours évident, note Marie-Christine Beaudry. L’étape préalable, qui facilite ensuite le tri des informations, est l’évaluation des sources. Ils peuvent, par exemple, se demander d’où provient un texte, à quel moment il a été publié, qui en est l’autrice ou l’auteur, quel était son objectif. La dernière étape est l’évaluation de l’information comme telle, une fois que l’on a retenu uniquement les documents provenant de sources pertinentes.»

Le tutoriel auquel Marie-Christine Beaudry a contribué est désormais obligatoire dans le cadre du cours Activité de développement des compétences informationnelles proposé au début des programmes de maîtrise à l’ESG UQAM.

Son collègue Robert Georges Bilodeau, bibliothécaire coordonnateur à la Direction de la découverte et du traitement des ressources documentaires et patrimoniales, s’intéresse à l’implantation, en 2020, d’une nouvelle approche collaborative de catalogage dans la base bibliographique WorldCat. Maintenant utilisée par l’ensemble des bibliothèques universitaires du Québec, cette approche s’avère complètement différente des pratiques antérieures et l’auteur en dresse un premier bilan, assorti d’une réflexion générale sur la question.

Respectivement bibliothécaires en soutien à la Faculté des arts et à la Faculté des sciences humaines, Boris Nonveiller et Simon Côté Lapointe signent pour leur part un chapitre intitulé «L’adaptation aux intelligences artificielles génératives par les bibliothèques universitaires au Québec». Boris Nonveiller avait participé à l’élaboration d’un site web et d’une formation pour mieux apprivoiser ChatGPT dès son apparition en 2023.

Une différence culturelle

Édith Robert note que les bibliothécaires des milieux universitaires anglophones ont l’habitude de publier des articles afin de contribuer à la mise à jour des connaissances dans leur domaine, ce qui est moins fréquent du côté francophone. «Depuis quelques années, nos gestionnaires nous encouragent à publier si nous en avons le désir et le temps, souligne-t-elle. Cela ne fait pas partie de nos obligations, mais plusieurs le font par intérêt professionnel et cela permet de donner une voix aux réalités dans les bibliothèques universitaires francophones du Québec.»